Au cours de nos visites et diagnostics, nous observons régulièrement des phénomènes de dégradation du pisé, pouvant se manifester de différentes manières et être liés à différentes causes.

La plus répandue de ces types de dégradations, et malheureusement l’une des plus à risques également, est la destructuration du pisé à la jonction avec le soubassement. C’est sur ce phénomène que nous allons nous arrêter sur cette page, afin d’expliquer le phénomène mais également de montrer comment suite à un diagnostic et des reprises adaptées une intervention curative peut être réalisée pour restaurer la solidité du mur.

! Le choix de ce type de reprise devra être défini en amont par une étude du désordre en cours ainsi que la résolution des facteurs l’ayant occasionné. De plus, ces reprises en sous-oeuvre nécessitent un suivi par un maître d’oeuvre afin de veiller à la bonne mise en place du dispositif.

1. Edifice à l’état initial

. Les revêtements au sol sont perspirants (ils laissent l’humidité circuler et évitent ainsi sa concentration en un point).

La hauteur du soubassement est suffisante (50cm minimum)pour que les remontés capillaires n’atteignent pas les élévations en pisé.

La toiture est également disposée  de manière à protéger la façade et le pied de mur. Elle est entretenue afin que les infiltrations n’abîment pas les têtes de mur.

2. Edifice après modifications

. Sur et autour de l’édifice différents éléments ont fait l’objet de modifications.

Les revêtements de sol ont été recouverts par des complexes étanches. La voirie a été réhaussée ce qui diminue la hauteur effective du soubassement.

Un enduit étanche a été appliqué sur les murs.

3. Apparition de pathologies

. Au niveau du pied de murs apparaissent des masques et noircissement sur l’enduit, accompagné gonflement et de fissures.

4. Diagnostic structurel avec réalisation de sondages

. Afin d’étudier l’état du pisé, des sondages sont effectués. L’enduit est ponctuellement découpé à la disqueuse au plus près du sol afin de pouvoir observer le pisé et son soubassement.

Les sondages donnent à voir un pisé très dégradé, et révèlent la trop faible hauteur du soubassement.

> les revêtements de sol étanches concentrent les remontés capillaires au niveau des murs. 

Le soubassement réduit par les réhausses de sol ne joue plus son rôle structurel et le pisé se gorge d’eau. Avec les cycles de gel et dégel, il perd ainsi peu à peu son rôle structurel et s’affaisse, ce qui peut à terme mener à l’effondrement de la structure.

5. Intervention suite au diagnostic structurel

5.1 Réalisation des reprises en sous oeuvre :

Le but de l’opération est d’évacuer le pisé dégradé, puis de reconstituer une hauteur suffisante de soubassement à sa place.

La réalisation de potelets successifs permet  d’intervenir par  reprises de petites tailles, sans nécessité la mise en place d’un étayage.

Un premier percement est effectué dans le mur (env. 70x70cm). Un mortier de chaux hydraulique est disposé au niveau du soubassement pour créer une arase nette et plane.

. Dans le percement réalisé est mis en place un premier potelet formé de 3 briques Monomur (50×24,9×25).

Le vide entre la partie supérieure des briques et le pisé est comblé par un mortier de chaux hydraulique.

Ce complexe reprend le rôle structurel que le pisé dégradé ne pouvait plus assurer. Il fait office de nouveau soubassement.

La brique cuite par sa mise en oeuvre et ses caractéristiques a un comportement qui se rapproche de celui du pisé, ce qui assure la cohérence de l’ouvrage notamment face à d’éventuels mouvements de sol.

. A deux mètres d’écart environ sont réalisés un à un les autres potelets en briques, selon le même procédé.

. L’ouverture à droite d’un potelet est élargie et on y réalise l’arase.

. 4 briques viennent élargir le potelets.  Comme précédemment, le vide entre la partie supérieure des briques et le pisé est comblé par un mortier de chaux hydraulique.

. De la même manière les potelets déjà réalisés sont élargis.

. L’espace entre deux potelets est creusé, et l’arase réalisée sur le soubassement.

. Le vide est comblé par 5 briques liant les deux potelets.

. Un à un, les vides entre les potelets sont comblés jusqu’à constituer la  nouvelle base du mur à la place du pisé dégradé.

5.2 Réfection de l’enduit 

. Afin de rétablir l’aspect de la façade, l’enduit dégradé peut être remplacé par un nouvel enduit. Ce dernier respectera les Règles Professionnelless d’enduit sur support de terre crue afin d’assurer la pérennité de l’ouvrage.